Page:Malato - La Grande Grève.djvu/287

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y joignit des correspondances de journaux départementaux et ce fut ainsi que, se trouvant à Chôlon au moment du procès de Galfe, il envoya au Réveil de Seine-et Loir des instantanés, des croquis et des articles.

L’atelier et le logement de Pontet étaient situés dans la rue de la Fidélité, au troisième et dernier étage d’une petite maison d’apparence modeste. Ce fut là que le photographe conduisit Céleste. Le logement, meublé avec une simplicité primitive, comprenait deux pièces, une cuisine et un grand cabinet de débarras.

— Voici votre chambre, dit Pontet en lui montrant le cabinet. Ce n’est pas magnifique, mais vous y serez toujours à l’abri.

Un lit pliant, une chaise et une table garnirent ce réduit où il resta à Céleste tout juste la place pour se retourner.

La jeune fille laissait faire, ne rencontrant pas de mots qui pussent exprimer sa reconnaissance. Elle se trouvait dans l’état d’esprit d’un naufragé qui atteint le rivage et, épuisé, s’y laisse tomber après avoir failli couler dans l’abîme.

Pendant que Céleste, s’étant rassasiée des reliefs du dîner de la veille, s’endormait d’un sommeil réparateur, Pontet se mettait en quête d’un emploi pour elle. La chance le favorisa relativement : il apprit qu’un atelier de fleuristes allait se fonder dans quelques jours et que la patronne, Mme  Padoux, cherchait une apprentie gagnant au bout de deux mois, couchée et nourrie en attendant.

Présentée par lui, Céleste fut acceptée ; elle gardait le nom de Lucette Rénois, pris à Véran, car il était douteux que les Mayré vinssent la relancer jusque-là. Et puis, appuyée sur Pontet, elle se sentait assez forte pour leur résister.

Il y eut alors un répit de la destinée. Pendant cinq ans, Céleste fut une ouvrière, matériellement