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cuteur qu’elle pouvait se fier à lui. Sans hésitation, elle le suivit.

Une fois de plus elle rencontrait un sauveur. Encouragée par cette aide inattendue, elle se redresserait pour lutter contre la destinée : elle voulait vivre non pour la vie même, mais pour revoir un jour Galfe.

Edgar Pontet, ainsi s’appelait l’homme, était un artiste manqué, c’est-à-dire que ce qui lui avait fait défaut c’était non les aptitudes, mais la possibilité de les faire valoir.

Après d’assez bonnes études, resté seul sur le pavé de Paris, il avait vainement cherché à placer ses dessins dans les journaux illustrés et des manuscrits chez les éditeurs, ses démarches ne lui avaient rapporté que désillusions et misère. Une place à cent vingt francs par mois dans un magasin le sortit momentanément de la noire misère ; puis deux ou trois de ses compositions furent publiées dans un journal de jeunes : Pontet put se croire un moment sur le chemin du succès. Mais ce ne devait être qu’une éclaircie dans sa vie. Ses premières publications ne furent pas suivies d’autres parce qu’il n’était d’aucun cénacle, et son patron, estimant qu’on ne peut servir à la fois deux maîtres aussi opposés que l’art et le commerce, Apollon et Mercure, le mit poliment à la porte.

Pontet se demandait dans quel abîme de misère il allait sombrer, lorsqu’un parent éloigné lui écrivit pour lui proposer une gérance d’atelier photographique au Brisot. Cela valait mieux que de mourir de faim à Paris, et puis la photographie côtoyait le dessin, c’était encore de l’art, à cela près que l’artiste était le soleil. Pontet vint donc au Brisot et, au bout de quelques années, se trouva non plus gérant, mais établi à son propre compte, ayant un noyau de clientèle et gagnant sa vie.