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société ? Sans doute, après avoir été broyée, Céleste était-elle tombée pour jamais dans l’abîme, comme tant d’autres !

Malgré la tristesse qu’évoquait ce souvenir, c’était un triomphe que cette grâce pour le docteur qui, depuis dix ans, avait multiplié les démarches en faveur de Galfe. Activité d’autant plus méritoire qu’il ne restait à ce dernier ni parents ni amis qui s’occupassent de lui et que, au milieu de ses préoccupations personnelles, Paryn eût fort bien pu l’oublier.

Oui, c’était un triomphe que cette grâce et un triomphe qui lui paraissait de bon augure dans la lutte qu’il livrait au baron des Gourdes.

De fait, que dirait celui-ci quand il apprendrait que le bagne avait rendu sa proie, l’ancien esclave révolté de la mine ?


XXII

AU BRISOT


Pourquoi Paryn et ceux qui, comme lui, lors du procès de Chôlon, s’étaient intéressés au sort de Galfe, avaient-ils complètement perdu de vue l’amante du condamné ?

C’est que celle-ci, dès son retour à Mersey, s’était trouvée chassée par la brutalité de Touvenin, puis aussitôt après, entraînée par sa malheureuse destinée, vers une nouvelle série de misères.

Après s’être enfuie de la ferme de Mayré, Céleste avait, dans la nuit, couru comme une folle, tout droit devant elle, jusqu’à ce qu’elle perdît haleine.

Très heureusement, elle ne s’était pas dévêtue cette nuit-là, sa scène avec le fermier l’ayant frappée de crainte et peut-être d’un pressentiment de danger. Elle avait tout simplement dégrafé son corsage et retiré ses chaussures. En se jetant à bas de sa couchette pour fuir Jean, elle étendit la main à terre et