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pour le sermonner, car elle n’ignorait pas la réunion projetée, toute la contrée ne parlait que de cela.

— Voyez-vous, monsieur, dit-elle ex-abrupto, vous allez vous faire casser les os avec votre politique.

— C’est bon, Brigitte, je sais ce que j’ai à faire. Laissez-moi.

Ayant prononcé ces mots avec une impatience inaccoutumée, le docteur commença le dépouillement de son courrier pendant que la domestique se retirait en levant les yeux au ciel.

Rapidement, il lut quelques lettres : l’une était écrite par Bernard qui l’informait que tout était définitivement prêt pour la réunion ; il comptait sur la présence d’au moins trois à quatre cents personnes : bourgeois, ex-travailleurs de tous les métiers. Le mineur ne s’étonnait que d’une chose, c’était de ne pas avoir encore reçu son congé. En tout cas, las des soupçons injustes qui se répandaient sur son compte, propagés par ses ennemis, il n’hésiterait pas à prendre le taureau par les cornes et se livrerait à une charge à fond de train contre la compagnie de Pranzy.

D’autres lettres, adressées par les comités radicaux-socialistes de Môcon et de Chôlon, se rapportaient à la politique générale. Un électeur influent, abonné de l’Union populaire, écrivait aussi, faisant une allusion très significative aux prochaines élections législatives.

— Déjà ! murmura Paryn soucieux. Non, ce serait trop tôt.

Une dernière lettre lui apparut, qu’il n’avait pas encore vue, cachée sous les autres, de format plus volumineux. L’enveloppe portait l’en-tête imprimé de la préfecture.

— Affaires administratives, sans doute, fit le docteur. Voyons.

Il déchira l’enveloppe et lut. Dès les premières lignes, il eut un tressaillement de surprise.