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reuse. Jamais tu ne t’es trouvée à pareille fête. Je te conseille de te plaindre !

Cette sortie de Mayré n’intimida pas la Martine qui répliqua :

— Je ne me suis point plainte parce que je ne veux pas faire tort à M. Jean. Je sais bien qu’il est un honnête homme et qu’il réparera…

— Il réparera ! Ah ! gueuse !

Le fermer ponctua cette interruption d’une formidable gifle qui fit pivoter la Martine sur elle-même. Après quoi, comme elle lui présentait involontairement la partie la plus charnue de sa personne, il lui détacha un formidable coup de pied dans le derrière.

La Martine fit deux pas en chancelant et se retira sans en demander davantage, meurtrie dans sa chair plus encore que dans son amour-propre, car elle se rendait bien compte de l’énormité de sa prétention matrimoniale. Cette prétention, elle l’avait formulée pour brûler ses vaisseaux, mais en s’attendant bien à une explosion de colère du fermier. L’explosion n’avait pas manqué.

Pendant deux jours, la Martine demeura muette, sous les regards courroucés ou ironiques du fermier, et continuant son travail comme si rien n’était arrivé. Mais lorsque Jean voulut de nouveau assouvir son besoin, elle se refusa obstinément.

— Non, monsieur Jean, dit-elle, vous m’avez trompée.

— Je t’ai trompée !

— Oui, vous m’avez prise de force, d’abord… Je n’ai rien dit pour ne pas vous causer d’ennuis… et puis, vous avez continué… vous m’avez séduite… j’ai cru en vous, je vous ai aimé. Et maintenant, votre père me dit que je suis une fille de rien, qu’il ne consentira jamais à notre mariage…

— Notre mariage !

Jean, étourdi comme du choc d’un boulet en pleine