Page:Malato - La Grande Grève.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et c’est pourquoi, deux jours après la réunion accidentée du Fier Lapin, Bernard avait pour voisin le ménage Canul.


XX

SUR LA ROUTE DE GÊNAC


Pendant que les passions ennemies couvaient dans Mersey, prêtes à exploser furieusement à la première occasion, Albert Détras s’éloignait de la petite ville.

Il avait passé une nuit à l’auberge Chenet, revivant là tous ses souvenirs, et le lendemain, au petit jour il s’était mis en route dans la direction de Gênac.

Les paroles de Justin : « J’ai rencontré, il n’y a pas huit mois, sur la route de Gênac un bonhomme ressemblant bougrement à Panuel, et qui accompagnait une petite écolière de l’âge de Berthe », ces paroles, qui l’avaient fait revivre au moment même où il désespérait, lui bourdonnaient continuellement dans la tête.

« Sur la route de Gênac ! » Il eût voulu amener le petit-fils de la mère Bichu à préciser, mais il se retint. Ses questions eussent pu intriguer le jeune homme et, avant tout, il importait de n’éveiller les soupçons de personne.

D’ailleurs, il n’y avait que dix lieues de Mersey à Gênac. Détras se chargeait bien de ne pas laisser un pouce de terrain inexploré sur ce parcours jusqu’à ce qu’il eût retrouvé ceux qu’il cherchait.

Il était impossible que trois personnes vivant ensemble dans la contrée pussent échapper à sa recherche.

Puis il possédait cette indication : « une petite écolière ». Détras n’avait qu’à diriger son exploration vers tous les établissements scolaires du pays. Cela demanderait peut-être du temps et surtout de la cir-