le chien n’aboya pas. La porte était fermée et cadenassée, selon l’habitude, mais une échelle gisait à terre. Céleste, avec ce merveilleux instinct de l’évadé, saisit l’échelle, l’appliqua contre le mur et y ayant grimpé, la tira à elle pour descendre à l’extérieur. Tout cela fut fait en une minute.
Cependant, Jean, revenu de son étourdissement, cherchait Céleste à tâtons dans le hangar empli de ténèbres. Il s’étonnait et s’inquiétait de ne pas la trouver, ne pouvant supposer qu’elle lui eût glissé entre les doigts ; sa rage amoureuse, loin d’être diminuée, se sentait exaspérée.
Tout à coup, une lumière vacillante éclaira le hangar et Jean debout, les bras étendus, en chemise.
C’était la Martine qui, éveillée par le bruit, et comprenant, apparaissait sournoisement, elle aussi, en chemise, tenant un chandelier qu’elle venait d’allumer.
Jean eut un geste d’exaspération en voyant que Céleste n’était plus là. Puis, saisi d’une impulsion sauvage, il se jeta hors de lui sur la Martine, qui tout de suite s’abandonna, heureuse, pâmée, tandis que le chandelier tombé à terre s’éteignait.
XIX
LE MOUCHARD DU SYNDICAT
Tout à l’idée de retrouver sa femme et sa fille, Albert Détras ne s’était pas attardé à étudier le nouveau Mersey. En toutes autres circonstances, il eût été frappé des changements qui s’étaient accomplis en dix années.
Avec l’extension donnée à l’exploitation minière, le nombre d’habitants avait augmenté, montant de dix-neuf mille cinq cents à plus de vingt-trois mille. La ville s’était agrandie, de nouvelles habitations