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déchirés par les pierres et les épines, ne formaient qu’une plaie.

C’était Détras.

Il fut recueilli et soigné avec toute l’humanité possible. Mais des mois encore se passèrent avant qu’il pût se rétablir entièrement.

Enfin, sa robuste constitution l’emporta et, un jour, un trois-mâts hollandais le prit à bord pour le déposer à Marseille après une longue traversée.

Neuf ans et demi s’étaient écoulés depuis qu’il avait quitté la France !


XVII

LA CLÉMENCE DU POLICIER


Le lundi matin, Bernard, après avoir fait constater sa présence par son chef d’équipe, prit congé de celui-ci pour se rendre dans le bureau de Moschin.

— Nous descendons dans un quart d’heure, vous savez ? fit le chef. Si vous n’êtes pas là, votre journée est en bas.

— N’ayez pas peur, j’y serai, répondit l’ouvrier.

— À moins qu’on ne vous appelle pour vous donner votre congé.

— Ça, c’est bien possible, pensa Bernard, tout en se dirigeant vers le bureau du chantier A, où siégeait Moschin.

Le chef policier était assis dans une large chaise à bras, devant une table-bureau, sur laquelle s’étalaient des papiers classés avec ordre. À droite et à gauche, deux commodes de bois noir portaient des cartons, chacun étiquetés d’une lettre alphabétique et d’un chiffre.

— Ah ! vous voilà, fit Moschin. Causons un peu, vous avez des idées ?

— Je crois, répondit tranquillement Bernard, que