Page:Malato - La Grande Grève.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avait pas permis de creuser à plus de deux mètres de hauteur et la paroi en avait bien vingt.

Le quatrième jour, l’évadé, se sentant plus solide et seulement à demi mort d’inanition, se déclara :

— Aujourd’hui, je sortirai de ce tombeau ou j’y resterai à jamais.

Pieds nus, il s’éleva à la force du poignet jusqu’à la dernière anfractuosité qu’il avait creusée péniblement dans la roche dure et reprit la tâche commencée la veille. Ainsi creusant et se hissant, il arriva en trois heures d’efforts surhumains à quinze pieds au-dessous des buissons qui couronnaient, au-dessus de la faille, le flanc rougeâtre de la montagne.

Encore une heure ou deux et il était hors de ce gouffre, sauvé peut-être !

Mais il était épuisé et se sentait près de dégringoler dans l’abîme qu’il venait de quitter.

Tout à coup, une idée traversa son cerveau endolori.

Il portait toujours, attaché sur son dos par une liane qui faisait plusieurs fois le tour de sa poitrine, son filet à provisions.

Ce filet déroulé avait bien une longueur de deux mètres et la liane à peu près autant.

En outre, Détras avait, dans la poche de son pantalon, quelque chose qui pouvait également servir de corde : les boyaux séchés des chiens.

Juste, en attachant le tout bout à bout, de quoi atteindre les buissons et, en s’y accrochant, fournir pour l’escalade un point d’appui.

L’évadé se sentit ranimé subitement. D’une main, et avec l’aide de ses dents, il défit la liane, attacha à son extrémité les boyaux de chien et en noua le bout au filet déplié. Puis, tandis que de l’autre main il se cramponnait désespérément au roc, il fit tournoyer au-dessus de sa tête, comme un lasso le filet qui alla s’accrocher aux buissons.

Il tira sur la liane : elle ne céda pas.