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calebasse, remplie d’eau et hermétiquement bouchée. Il y ajouta les deux sagaïes et le tamioc trouvés auprès des cadavres canaques et, faisant du tout un seul fardeau, l’attacha solidement sur ses épaules avec une forte et souple liane, cueillie au bord du lac. Puis, ayant au côté le revolver de Carmellini et au poing son gourdin « Joseph », il commença l’ascension.

Mais, après avoir péniblement gravi quinze ou vingt mètres en rampant et s’agrippant aux moindres aspérités, Détras aperçut au-dessus de sa tête la muraille rocheuse implacablement droite et se continuant telle pendant au moins cinquante mètres, ce dont il n’avait pu, de loin, se rendre compte. Il dut redescendre.

Après s’être reposé et rafraîchi par un bain dans le lac, il renouvela sa tentative sur la même montagne, mais en partant d’un autre point et s’orientant plus au nord.

Au bout de quatre heures, épuisé, rôti par le soleil qui plombait sur lui, il était arrivé à proximité de la ligne de buissons que, du fond de la vallée, il avait aperçue.

Mais alors une exclamation de désespoir s’échappa de ses lèvres.

Ces buissons bordaient sur toute la longueur de la montagne une crevasse profonde d’au moins vingt mètres, large de dix, dont les parois, découpées à angle droit, rendaient impossibles la descente et la montée.

Que faire ?

Épuisé, découragé, l’évadé s’était laissé tomber à terre au bord du précipice.

Et, tout à coup, le sol s’effondra sous lui. Il roula dans la crevasse, étendant vainement les bras pour se retenir.

Comment ne se tua-t-il pas dans cette chute ?

Sans doute parce qu’il tomba sur le dos et que