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Gênac ! C’était là ou aux environs que se trouvaient ceux qu’il cherchait !

— En route pour Gênac ! se dit-il aussitôt.


XVI

L’ODYSSÉE D’ALBERT DÉTRAS


Il est temps de dire quelles aventures, traversées par Albert Détras, l’avaient empêché pendant de longues années de se mettre à la recherche des siens.

Nous l’avons laisse enfermé dans une vallée du Ouitchambo comme au fond d’un entonnoir. Un tremblement de terre, phénomène assez fréquent en Nouvelle-Calédonie, avait obstrué la galerie souterraine par laquelle il était venu. De chaque côté, les flancs des montagnes s’élevaient sous des angles de soixante-cinq et soixante-dix degrés, c’est-à-dire presque perpendiculairement, à des hauteurs de plusieurs centaines de mètres.

Il était donc prisonnier, condamné inexorablement à mourir de faim avant d’avoir pu escalader ces hauteurs inaccessibles.

Détras se rendit compte du sort qui l’attendait. Pour gravir ces flancs abrupts, il ne fallait pas attendre que la faim eût affaibli ses forces et son agilité.

Il mesura de l’œil la pente des montagnes : il lui sembla que la moins raide s’élevait au nord-est. Le sol, rougeâtre et nu jusqu’aux deux tiers de sa hauteur, apparaissait, à quelque cent mètres du sommet, coupé par une ligne sombre et droite de buissons auxquels il pouvait s’accrocher pour terminer son escalade. Puis ces buissons lui faisaient présager la proximité de l’eau.

L’évadé commença par garnir le filet de pêche de ses dernières provisions — un restant de viande séchée et quelques fruits — auxquelles il joignit la