roches micaschisteuses, sans doute pour aller se perdre dans la rivière de Thio.
Détras se dirigea vers ce ruisseau et, s’agenouillant sur le bord, but à grandes gorgées. La sensation rafraîchissante de l’eau le revivifia et lui inspira le désir de se baigner. C’était une volupté que Carmellini interdisait férocement à ses hommes.
Le fugitif, s’étant déshabillé en un tour de main, plongea avec délices dans l’eau limpide. Il se sentait maintenant un tout autre homme : il lui semblait que le liquide purificateur enlevait les souillures du bagne et le souvenir même de cet enfer : c’était une autre vie qui allait commencer pour lui.
Détras s’étant rhabillé regarda l’heure à la montre de Carmellini : onze heures. Le soleil commençait à irradier ses rayons les plus incandescents. C’était le moment habituel du déjeuner suivi de sieste pour Carmellini. L’évadé sourit en pensant à la tête que devait faire à ce moment son ex-geôlier et, ayant avisé une anfractuosité de roc à demi cachée par des broussailles, il s’y étendit sinon pour dormir, du moins pour goûter un repos nécessaire.
Les tiraillements de son estomac le rappelèrent au bout d’environ deux heures, aux exigences de la situation. Coûte que coûte, il fallait manger.
Quelques oiseaux, pigeons-verts et perruches, volaient criant et passaient sans se poser. S’il eût possédé un fusil, Détras les eût tirés, mais le revolver n’est pas une arme de précision. Détras, d’ailleurs, était décidé à conserver intactes ses six cartouches pour les décharger sur ceux qui tenteraient de l’arrêter. Il fallait donc renoncer au gibier à plumes.
Mais il se rappelait avoir, en se baignant, vu passer entre deux eaux, rapides et bizarres, des ombres grisâtres, des formes de crustacés. C’étaient évidemment des koulas, écrevisses, néo-calédoniennes, plus petites que les écrevisses d’Europe, mais également