reviennent, après quelques jours d’une liberté précaire, se reconstituer prisonniers.
Serait-il obligé de faire comme eux ?
Non, jamais ! Plutôt mourir de faim que de reprendre son ignominieux esclavage !
Oui, le plus grand nombre des évadés reprennent, domptés, épuisés d’inanition, le chemin du camp.
La plupart, mais non tous.
Détras se rappelait avoir entendu parler d’évadés qui avaient couru la brousse pendant des mois et des mois et dont quelques-uns — oh ! très peu — avaient fini par trouver l’occasion de se glisser à bord d’un navire en partance pour l’Australie.
Ne pourrait-il faire comme eux, avoir la même chance ?
L’argent de Carmellini pourrait lui être d’un puissant secours. Aussi se promettait-il d’en être jalousement ménager.
Qu’il pût se maintenir caché dans la brousse pendant une dizaine de jours, le temps que ses cheveux et sa barbe rasés repoussassent quelque peu, et il pourrait se hasarder vers les centres habités sans avoir par trop l’air d’un forçat. Peut-être alors trouverait-il l’occasion de s’embarquer sinon directement pour l’Australie, ce qui eût exigé plus d’argent qu’il n’en possédait et des papiers, du moins pour les Nouvelles-Hébrides, archipel soumis à un condominium anglo-français. Là, il chercherait à travailler au service de quelque colon anglais et, après avoir amassé le prix de son passage, il se ferait admettre à bord de quelque navire en partance pour Sydney ou Melbourne.
La question demeurait celle-ci : comment se nourrir pendant les quelques dix jours qu’il passerait caché ?
Un ruisseau sourdait de la montagne à peu de distance et roulait, s’élargissant, entre des quartiers de