Tout d’abord, il n’eut qu’une pensée : s’éloigner de ce lieu maudit. Ensuite, il échafauderait un plan quelconque.
D’instinct, il se dirigea à travers les fourrés dans la direction du nord, tournant presque le dos à la mer pour se rapprocher des montagnes.
Bouraké forme une presqu’île, située à une dizaine de kilomètres au sud-est de Bouloupari.
Cette dernière localité, pourvue d’un poste militaire et d’un camp de transportés, se trouve elle-même distante d’environ seize lieues de Nouméa, sur la route qui, du chef-lieu, conduit au nord de l’île en longeant la côte ouest, le plus souvent très près de la mer.
La Nouvelle-Calédonie, île étroite s’étendant du nord-ouest au sud-est, sur une longueur de quatre-vingt-dix lieues, est traversée par une chaîne centrale de montagnes serpentineuses dont les plus hautes, les pics Panié et Humboldt, dépassent seize cent quarante mètres d’altitude. Une ceinture de récifs madréporiques coupée çà et là par des passes, l’entoure, s’évasant au nord pour se continuer à cent cinquante milles de la grande terre. De la chaîne centrale, qui partage l’île en deux versants, descendent des cours d’eau, torrentueux à leur naissance, larges à leur embouchure comme des bras de mer et dont un seul, le Diahot, ayant un cours sinueux d’environ quinze lieues, mérite en réalité le nom imposant de fleuve.
Le groupe des Loyalty, formé des trois îles Ouvéa, Lifou et Maré, à l’est, l’île des Pins, au sud, forment les dépendances de la Nouvelle-Calédonie, séparée de l’Australie par trois cent soixante lieues d’Océan.
Cet exposé géographique était nécessaire pour l’intelligence de ce qui va suivre.
Avant tout, comme Détras ne pouvait espérer rencontrer sur la côte une embarcation abandonnée et pourvue de vivres dont il pût se servir pour gagner l’Australie et que, même si un miracle lui en eût fait