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qui ont reçu l’ordre de se taire, sous peine des châtiments les plus sévères.

« Le surveillant-militaire Carmellini était, à cette époque, le chef du détachement de Bouraké. Sans doute, pourrait-il fournir des détails, mais qui donc oserait les lui demander ?

« C’était une piste ; je résolus de la suivre, mais comment rencontrer et aborder Carmellini ?

« Heureusement, le cantinier des surveillants est natif de Gênac ; c’est donc un pays. J’en profitai, quelques petits verres aidant, pour me mettre dans ses bonnes grâces et finalement lui confier mon désir.

« — Carmellini, me dit-il, oui, il a eu une mésaventure de ce genre, je me rappelle. Dame, cela remonte à pas mal de temps, il n’aime pas en parler, ça se comprend, mais laisse-moi faire. Il est justement à l’île Nou. En le faisant boire, je me charge de tirer de lui toute l’histoire. »

« Et, en effet, huit jours plus tard, le cantinier m’a fait part de ce qu’il avait appris.

« Le forçat qui, en décembre 1884, s’est évadé seul du camp de Bouraké après avoir ligotté Carmellini et revêtu ses effets, est bien le condamné Albert Détras, no 3205.

« Depuis, on n’a jamais eu de ses nouvelles. »

On peut juger de l’émotion que produisit sur Geneviève la lecture de semblable lettre.


XII

APRÈS L’ÉVASION


Qu’était devenu Albert Détras ? Nous l’avons laissé, s’échappant du camp de Bouraké après avoir lié, bâillonné Carmellini et revêtu une partie de ses effets à la place des vêtements matriculés du bagne.