Page:Malato - La Grande Grève.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment de Seine-et-Loir sont, comme ceux de tous les autres départements, appelés à l’honneur de défendre l’ordre social.

Panuel se dit donc qu’il pourrait peut-être parmi ces jeunes gens en trouver un destiné à la Nouvelle-Calédonie et ayant assez de cœur pour s’intéresser à la situation d’Albert Détras, assez d’intelligence pour réussir à se renseigner.

On savait par les parents de Janteau que le malheureux jeune homme était mort au bagne ; cela redoublait les angoisses de Geneviève et de Panuel. Quant à Galfe, on croyait bien qu’il vivait toujours, mais comme il n’avait plus de famille, on l’oubliait. Les anciens de la mine qui l’avaient connu autrefois étaient maintenant pour la plupart morts, partis ou assagis.

Sept ans et demi s’étaient déjà écoulés depuis l’arrivée de la dernière lettre d’Albert Détras lorsque Panuel réussit à trouver l’homme qu’il cherchait.

Un charron de Gênac, Firmin Montal, qui venait quelquefois à l’Étoile solitaire et avec lequel il aimait à causer, leurs idées se rapprochant beaucoup, lui apprit un jour que son fils, Arsène, soldat au 3e régiment d’infanterie de marine, allait prochainement s’embarquer de Brest à destination de la Nouvelle-Calédonie où il passerait tout son temps de service.

Cela fit réfléchir Panuel. Ce jeune homme avait des idées assez avancées et, mieux encore que des idées, des sentiments humains que la vie abrutissante de la caserne ne lui ferait peut-être pas perdre. Il se rappelait l’avoir vu deux ou trois fois avant son départ au régiment et une impression favorable lui en était restée.

Sans parler de rien à Geneviève, Panuel expliqua à Montal son désir d’être renseigné par une enquête sérieuse et discrète sur le sort d’Albert Détras, condamné aux travaux forcés pour participation aux