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tacher à des idées fortes, de vivre par le cerveau, alors que ses autres organes s’éteignent et il peut redevenir enthousiaste, héroïque même comme aux jours de sa jeunesse. Telle est la raison pour laquelle les révolutions populaires comptent à la fois des vieux et des jeunes, des barbes blanches à côté des figures imberbes. Les hommes mûrs y sont rares.

Pour ces raisons, les quelques communards demeurés à « la Nouvelle » ne s’intéressaient plus au mouvement des idées et des faits dans cette France située aux antipodes. Puis la Commune qu’ils avaient défendue, les uns par conviction, les autres emportés simplement par les événements, était un mouvement politique et patriotique teinté seulement de vagues aspirations sociales. Depuis, le monde avait marché, les antagonismes de classes s’étaient accentués, la lutte du Travail contre le Capital emplissait le monde, faisant succéder, après de courtes accalmies, les révoltes aux répressions et les répressions aux révoltes. Mais cela, eux, restés hommes de 1871, ne le voyaient pas, ne le comprenaient pas.

Puis, embourgeoisés, devenus respectés et notables dans ce pays où ils étaient arrivés en prisonniers, les anciens communards ne s’occupaient pas de cet enfer qui existait près d’eux : le bagne. Certes, quelques-uns des leurs : Maroteau, qui y était mort, Amouroux, Alphonse Humbert, Allemane, Dacosta avaient peiné pendant huit ans dans cette géhenne. Mais ceux-là partis, que leur importaient les autres ? Un ramassis de voleurs et d’assassins, mêlés par-ci par-là de quelques anarchistes, fous dangereux qui ne voulaient reconnaître aucun gouvernement !

Ainsi pensaient les ex-déportés de Nouméa, et Panuel, qui avait pu bien difficilement se procurer l’adresse de deux ou trois d’entre eux, vit bien qu’il n’y avait rien à espérer de ce côté-là.

Mais la Nouvelle-Calédonie est une colonie où l’on envoie des soldats, et les jeunes gens du départe-