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roger en détail sur les phases de sa vie antérieure à sa rencontre avec Galfe, sur son entrée au service de Mme Hachenin et les circonstances qui le lui avaient fait quitter ? Sans doute, parce que tout l’effort du magistrat tendait à établir la complicité de Céleste dans les attentats commis par son amant : il s’hypnotisait devant les explosions sans voir le reste. Mais l’innocence de la prisonnière était si évidente que le juge, d’ailleurs très malmené par la presse, avait dû signer l’ordre d’élargissement, se réservant d’être d’autant plus rigoureux à l’égard de Galfe.

Si Céleste eût été moins indifférente à son propre sort, elle eût pu craindre, à ce moment-là ou même lorsqu’elle avait été citée comme témoin, de se voir accusée par son ancienne maîtresse. Maintenant elle y songeait et se demandait pourquoi Mme Hachenin, l’ayant crue une voleuse, n’était pas venue la charger.

Sans doute, la jeune femme avait-elle oublié la disparition de sa bague, la disparition même de Céleste ou jusqu’à l’existence de cette dernière ? Un bijou de valeur moyenne ou une domestique, qu’était-ce pour la créature riche et heureuse qui passait dans la vie comme emportée dans un tourbillon de fête !

Les heures s’étaient écoulées : le soleil baissait sur l’horizon, empourpré d’une lueur d’incendie, et Céleste demeurait irrésolue, au milieu de la forêt, devant le poteau qui lui indiquait les trois routes.

Chercherait-elle à vivre dans les villes ou dans les campagnes ?

Les villes ! Quelles ressources pourraient lui offrir des villes comme le Brisot, Tondou ou Chôlon ? Car c’était dans cette direction que s’allongeait la route de Méran, l’éloignant de plus en plus de Mersey et de Môcon.

Dans ces petites villes, à l’activité régulière et limi-