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se disant que le soleil des tropiques avait sans doute dérangé l’esprit de l’ancien marin.

Pour le moment, d’ailleurs, Raulin, Poulet, Petit, Bussy, Pétadin, Férand, Boivet, unissaient leurs efforts contre les réactionnaires. Au cabaret et dans les rencontres occasionnelles ou cherchées, ils montraient l’alliance tacite des opportunistes et des conservateurs, la persistance avec laquelle, maîtres jusqu’alors de la commune, ils avaient affecté ses ressources à des œuvres d’abrutissement religieux, plutôt qu’à des œuvres d’utilité publique, l’ingérence cléricale dans les établissements scolaires, la pression honteuse qui s’exerçait sur les habitants aux périodes d’élection.

— il faut un coup de balai, citoyens ! déclarait Poulet qui terminait par un éloge enthousiaste de Paryn.

Jusqu’alors ce dernier n’avait rencontré que des défenseurs ou des adversaires, mais pas un détracteur. On rendait hommage à la droiture de sa vie. Tout au plus ceux qui combattaient sa candidature se bornaient-ils à répondre : « Il ne représente pas nos idées » — ce qui indiquait qu’ils se croyaient des idées — ou : « Il va trop à gauche. »

Mais ce jour-là il y avait quelque chose de changé à Climy et les vitres des cabarets tremblaient sous les éclats de voix tandis que, au milieu de la tempête déchaînée, quelques paysans essayaient de lire ou de commenter tout haut un article de la Gazette de Seine-et-Loir.

Cet article, signé Tartan, accusait le docteur Paryn d’être l’âme d’un complot ourdi par les capitalistes juifs pour provoquer une grève des mineurs de Seine-et-Loir au profit de l’industrie allemande.

« Si au lieu de griser les travailleurs du sous-sol avec de grands mots, déclarait le rédacteur du journal réactionnaire, on les laissait à leur besogne, cette besogne demeurerait pour eux suffisamment rému-