ment pris sa retraite à Climy, se déclarait hardiment partisan du communisme libertaire et de la société harmonique. On l’estimait, on l’aimait et par déférence pour son âge, soixante-cinq ans, comme pour son caractère, on l’écoutait. Mais c’était tout : il restait seul de son avis, ce qui n’entamait point son optimisme souriant.
Et comme, si vigoureusement convaincu que soit un homme, il lui est difficile sinon impossible de se mouvoir toujours seul, le père Raulin, encore que partisan irréductible des « grands moyens » qui avaient réussi à la bourgeoisie contre la noblesse, marchait d’accord en maintes occasions avec les radicaux-socialistes de Climy. Il s’en séparait seulement aux périodes d’élections législatives se renfermant alors dans un inébranlable abstentionnisme.
— Mais pour la commune, citoyens, déclarait-il en redressant sa tête léonine couronnée de cheveux blancs et surmontant un corps herculéen, pour la commune c’est différent : c’est la base, le point d’appui, c’est nous tous.
Il n’avait pas fait partie de la délégation qui s’était rendue chez le docteur Paryn pour lui proposer la candidature. Mais il approuvait cette démarche.
— Vous avez mis la main sur un honnête homme, déclara-t-il à Poulet. C’est bien : personne ne sera aussi entendu que lui pour gérer les affaires de la commune. Seulement ne l’envoyez jamais à la Chambre.
— Tiens ! Et pourquoi donc citoyen ? demanda le forgeron surpris.
— Parce que la Chambre, il faudra la traiter un jour comme au 24 février 48, comme au 4 septembre 70. Et franchement, ça me ferait de la peine d’y voir un digne homme, devenu le collègue de Millevoye et de Georges Berry.
Poulet, de plus en plus ahuri, n’avait rien répondu,