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évadé ? Mais, dans ce cas, pourquoi ne le disait-on pas ? La note laissait tout craindre.

— Courage ! Il s’est peut-être échappé. Qui sait s’il ne vous reviendra pas un de ces jours ? disait Panuel, sans cependant se montrer trop affirmatif, car, s’il voulait rendre l’espoir et la force à Geneviève, il voulait aussi éviter la crise, mortelle peut-être, d’une désillusion.

L’administration pénitentiaire avait gardé les lettres de Geneviève et se refusait à lui annoncer l’évasion de son mari, justement parce qu’elle supposait que celui-ci chercherait à se mettre en communication avec la jeune femme, à lui écrire ou, s’il pouvait revenir en France, à la voir. Il fallait donc la laisser dans l’ignorance de cette évasion et la surveiller habilement, tendre une souricière invisible.

Cela demandait d’autres gens que les policiers vulgaires de Mersey. L’agent chargé par la Sûreté de cet espionnage fut un nommé Martine, qui avait autrefois « travaillé » sous les ordres de Drieux, concurremment avec Baladier.

Ce dernier était trop brûlé à Mersey pour revenir y opérer, et puis ses honorables états de service lui permettaient d’aspirer à des besognes plus élevées, c’est-à-dire d’un caractère plus politique que la surveillance d’une femme, Baladier mit simplement Martine au courant des individus et des lieux et partit pour Genève, remplir une mission de haute importance, en collaboration avec des mouchards russes et allemands. Car la police est internationale comme l’Église ! Seuls, les déshérités s’entrehaïssent patriotiquement !

D’instinct, Panuel sentait peser sur Geneviève, à Mersey, la surveillance de la police. Il n’en avait point parlé à son amie : à quoi bon l’inquiéter inutilement ? Et puis, il pouvait se tromper.

À l’Étoile solitaire, loin des caquets et des intri-