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frir, elle ne lui aurait jamais proposé une infidélité à ses idées.

Lui, de son côté, non plus par répugnance théorique, mais par sentiment de la situation, ne voulant pas enchaîner irrémédiablement la vie de ce jeune être à sa vie de forçat, avait stoïquement repoussé cette pensée de mariage. Qui sait si Céleste, qui avait alors seize ans, n’eût pas, quelque jour, déploré d’être la femme d’un condamné ?

On lui avait assuré, d’ailleurs, que l’inflexible règle étant tombée en désuétude, il pourrait quand même correspondre une fois par mois avec celle qui avait été sa compagne. Mais dans le régime pénitentiaire, la véritable, la seule règle, c’est le bon plaisir et, depuis le jour où il était devenu forçat, Galfe n’avait plus jamais eu de nouvelles de Céleste.

Ainsi, dans le veuvage du cœur et l’amertume sans espoir, s’écoulait au bagne cette jeune existence brisée.

Devenu le no 3211, Galfe était demeuré un an à l’île Nou ; puis, promu à la quatrième classe, il était parti en détachement pour le Diahot. Pendant trois ans, il travailla à l’extraction du cuivre de la mine de Balade, méditant parfois sur l’ironie du sort qui lui faisait, aux antipodes, retrouver son ancien métier. N’avait-il pas été forçat de Chamot avant de devenir forçat de l’État ?

Puis les travaux ayant pris fin par suite de l’épuisement des filons, Galfe fut renvoyé à l’île Nou.

Six mois après son retour à l’île Nou, Galfe fut envoyé à Canala, puis à Houaïlou, puis à Oubatche, d’où il fut dirigé sur les montagnes de la chaîne centrale, aux flancs desquelles on traçait des routes.

Il était dans la colonie depuis dix ans, transporté de la troisième classe, lorsque, au camp de Kouêta, il se trouva en présence de Bernin.