nistrations publiques fussent remplis de créatures des jésuites.
Des Gourdes savait que de grands événements se préparaient. Pour qu’il pût, le jour où ils éclateraient, jouer un premier rôle, il fallait qu’il eût préalablement pris pied dans la mêlée politique, se fût fait un nom en dehors du monde industriel où il trônait par sa fortune.
Il fallait, en un mot, qu’il se présentât aux élections législatives.
Le baron s’était légèrement empâté, bien que son activité d’esprit demeurât la même ; l’œil restait vif et la moustache en croc, toujours noire, d’ancien officier de cavalerie surmontait une bouche volontaire et avide, la bouche d’un dévoreur, prêt à broyer indistinctement des hommes ou des millions.
Assise en face de lui, ce soir-là, et d’une pâleur un peu mate que faisait ressortir son élégante matinée bleu tendre au col et aux manches de dentelles, la baronne apparaissait à peine changée de figure depuis qu’elle avait cessé d’être Mme Julia Chamot. Seulement un peu plus forte et l’allure plus résolue. Impérieuse même. Jamais elle n’avait été jolie et, compensation, il ne semblait pas qu’elle fût destinée à devenir, un jour, laide. La passion qui brûle le sang et ploie les muscles ne fatiguerait jamais ce corps de femme. Ou plutôt toute sa passion se concentrait dans sa tête : passion froide d’ambitieuse.
— Encore trois ans avant d’arriver aux élections législatives ! murmura des Gourdes.
— Juste le temps qu’il vous faut pour préparer le terrain, répondit sa femme.
Les deux époux se regardèrent.
— Oh ! ajouta le baron, le terrain est en grande partie préparé.
— Croyez-vous ?
— Certes. Et même j’estime qu’il serait maladroit