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III

LES AMBITIONS DE M. DES GOURDES


Le baron des Gourdes, à l’époque où nous arrivons, n’était plus ce jeune aristocrate soucieux de son avenir et se demandant ce qu’il deviendrait s’il n’arrivait pas à vendre en mariage sa personne et surtout son blason par la grâce des bons pères jésuites.

Maintenant, il était riche !

Contrairement à nombre de gentillâtres, paresseux et ignares, des Gourdes avait l’intelligence des affaires. Sa direction avait donné à l’exploitation des mines de Pranzy un redoublement d’activité. De nouveaux débouchés s’étaient ouverts.

Des Gourdes remuait les millions. Après Schickler, il était le grand personnage du département : les préfets le courtisaient et le craignaient, trop heureux s’il eût daigné accepter leurs avances, car eux ne représentaient que le gouvernement qui passe, tandis que lui représentait la richesse qui reste.

Mais le baron n’avait garde de déroger en condescendant à frayer avec les fonctionnaires de la République. Il se bornait à maintenir avec eux des relations froidement courtoises, et c’était tout. Jamais lui ni la baronne n’honorèrent de leur présence une réception ou une soirée officielle au cours de leurs fréquents séjours au chef-lieu.

Des Gourdes entendait être, un jour, aux élections législatives, le porte-drapeau de la réaction monarchiste et cléricale. Il demeurait donc dans la logique de son rôle en évitant tout rapprochement qui eût pu être considéré comme une adhésion au régime politique qu’il voulait combattre.

Toutefois avec les autorités ecclésiastiques et militaires, il se maintenait au mieux. L’évêque de Tondou et tout le clergé du département considéraient