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Poro, situé à dix kilomètres de Houaïlou, est une localité peuplée ou déserte, selon que l’industrie du nickel est en hausse ou en baisse. Pour le moment elle reprenait : aussi, la population s’élevait-elle bien à une douzaine d’habitants, logeant en commun dans une grande case sombre et couchant sur des caisses à peine recouvertes d’une natte. Touché de l’accueil de ces braves gens, je les invitai avec insistance à user et abuser de mon hospitalité lorsque leurs affaires les amèneraient à Houaïlou. Ils me le promirent et ils ont consciencieusement tenu parole. Beaucoup d’autres, que je n’avais jamais vus, attirés par l’accueil fait à leurs confrères, vinrent également et m’amenèrent de nouveaux contingents, toujours prêts à faire honneur à une bonne table. Cela dura tout le temps de mon séjour à Houaïlou, que je quittai, au bout de trois mois, avec un compte de douze cents francs chez un mercanti voleur en diable, que j’ai eu l’imbécillité de payer intégralement.

Après le pousse-café, Simonin jugea qu’il y avait assez de vent dans les voiles pour en profiter. Nous repartîmes croisant en mer plusieurs pirogues remplies d’indigènes qui nous regardaient curieusement. Qu’il y a loin de la pirogue néo-calédonienne, simple tronc d’arbre creusé au feu et réuni par deux perches à un balancier, à la pirogue élégamment sculptée des Polynésiens ! Cependant quelques grandes tribus : Hienghène, où domine la race venue de l’est, Pouébo, Canala même, ont possédé de longues pirogues doubles à voiles, bâtiments de guerre contenant jusqu’à cinquante hommes.

L’embarcation canaque, même de la forme la plus simple, pourrait revendiquer la devise armoriale de la