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Bien plus que la pomme de terre qui, sous les influences du sol, se transforme en patate, et que le maïs, dévoré chaque année par les sauterelles, le café est, de tous les produits agricoles néo-calédoniens, celui qui semble appelé au plus d’avenir, bien que les cyclones le menacent périodiquement. Il rapporte une seule fois par an mais donne une récolte satisfaisante dès la quatrième année de plantation ; sa qualité est bonne et son prix sur place d’environ 2 francs le kilogramme. Les indigènes, qui se soucient peu de cultiver nos légumes et nos fruits, ont été moins indifférents devant le café ; ils en en ont planté à Nakéti, Canala, Pouébo, etc., et vendent la récolte aux Européens.

M. V… nous accueillit à bras ouverts, d’abord parce que l’hospitalité est une vertu de la brousse, — vertu qui disparaît à mesure que la civilité s’accentue ! — puis parce que la conversation de mon compagnon, ancien marin qu’il connaissait quelque peu, — qui ne connaissait Simonin sur la côte ! — lui était agréable. Pendant que sa femme tordait le cou à un poulet et que les deux loups de mer qui représentaient avec moi la population mâle, tant stable que flottante, de la localité se promenaient devant les pieds de café, en se remémorant de vieux souvenirs nautiques, j’allai me baigner dans la rivière voisine, dont la belle onde claire m’avait tenté. À mon retour, le colon m’apprit qu’il n’était pas rare d’y voir de jeunes requins se poussant de la nageoire.

Ces « tigres de mer » semblent avoir un goût très prononcé pour les explorations. À la marée montante, c’est-à-dire dès que le volume et la salure de l’eau le leur permettent, ils passent sans hésitation de l’Océan dans les rivières néo-calédoniennes. De mon temps, l’admi-