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sation, j’ouvrais de grands yeux, espérant toujours voir quelques-uns de ces primitifs s’avancer sur le rivage. Il n’en fut rien : la nature semblait inanimée, immobilisée dans une triplicité de couleurs : la terre rouge, la forêt verte, le ciel et la mer bleus.

Les indigènes de toute la Nouvelle-Calédonie peuvent se classer en trois groupements d’après la race et en cinq ou six d’après le dialecte. La première de ces divisions est celle que reconnaissent les Canaques du sud, qui distinguent les rouges (aboui), polynésiens, assez rares sauf dans quelques grandes tribus du nord — des noirs (adin’e), — mélanésiens, — et des métis de ces deux races (abouimié), au teint marron. Ces trois variétés de couleur coexistant souvent dans le même village, par suite des migrations et des mariages, il n’est peut-être pas sans intérêt, au point de vue ethnologique, de donner en regard le classement par dialectes que l’on pourrait formuler ainsi :

Touaourou,

Canala,

Baye,

Touo-Wagap,

Hienghène et nord.

Les tribus de la côte ouest semblent avoir toutes été formées par celles de l’est, dont elles parlent la langue plus ou moins altérée.

Cette division idiomatique permet de reconstituer, au moins en partie, l’origine et l’histoire des diverses tribus. Elle nous montre, par exemple, que les Canaques de Touaourou (côte est), de Nouméa et de l’île des Pins sont étroitement de même famille. Les Nouméas avaient — car cette tribu est éteinte depuis un demi-siècle, — la