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charge : dès le lendemain, nous cherchâmes une paillotte.

On donne ce nom significatif, en Nouvelle-Calédonie, à toutes les habitations primitives, construites en torchis et couvertes d’un toit de paille. Quelques déportés industrieux, après s’en être élevé pour leur usage personnel, en édifiaient qu’ils vendaient aux nouveaux arrivants. De celles-ci, plusieurs avaient un véritable cachet de pittoresque et d’originalité.

On nous montra, entre autres, dans un bout de champ, au pied de collines rocheuses, une coquette habitation blanchie à la chaux et ornée d’un véritable perron : une manière de château rustique. Mais on y était exposé, nous dirent les voisins, à un complet immergement en temps pluvieux, les eaux ruisselant, par les crevasses des collines, dans la plaine qu’elles transformaient en véritable lac. Et si l’eau du ciel vous douchait lorsqu’elle se mettait à dégouliner pour de bon ! Les habitants de l’île des Pins ont conservé le souvenir d’une nuit où la pluie torrentielle, succédant à une tempête aérienne, transperça les toitures, comme l’eût fait la chute ininterrompue d’une masse métallique, et obligea les occupants inondés dans les lits à se réfugier derrière leur parapluie. Heureux ceux qui avaient emporté dans leur exil cet objet bourgeois mais utile !

Nous finîmes par trouver une paillotte dans une situation agréable, sur une hauteur à pente douce, à deux pas de la forêt qui s’étend le long du littoral ouest. Que de fois avons-nous suivi la route qui passait devant notre demeure, pour nous enfoncer dans la brousse, rêver sous les grands pins et devant la mer infinie, murmurant son éternelle plainte !

Sur cette terre, à peu près vierge, et où le terrain ne