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rales. Les missionnaires maristes, déjà si influents, devinrent omnipotents ; tout dut se courber devant leur autocratie papelarde et, pour leur garantir place gagnée, le ministère envoya comme gouverneur le capitaine de vaisseau, bientôt promu contre-amiral, de Pritzbuer, protestant converti au catholicisme et, comme tous les renégats, fervent adorateur de ce qu’il avait autrefois brûlé.

De 1853 à 1880, les missionnaires maristes, lâchés sur la colonie océanienne, — les Néo-Hébridais les dénomment spirituellement « sauterelles noires », — ont tenu le haut du pavé. Pendant cette période, deux gouverneurs seulement ont osé leur faire obstacle : le premier, l’amiral Guillain en est mort ; le second, Olry, a vu son administration bouleversée par l’insurrection canaque de 1878, due, certes, en grande partie à des rancunes racistes et économiques, mais à laquelle l’influence tortueuse des missionnaires n’a pas été étrangère.

Les bons pères qui s’adressent si fructueusement à la pitié des fidèles en leur contant les pérégrinations héroïques entreprises pour l’amour du Christ, n’eurent pas grandes vicissitudes à subir en Nouvelle-Calédonie. Sans perdre un cheveu de leur tête, ils ont acquis terrains, troupeaux, richesses, et influence sur les noirs comme sur les blancs. À la vérité, leur subtilité tenace a été bien supérieure à l’esprit routinier du colon, lequel rabroue l’indigène en lui jetant dédaigneusement le mot « Sauvage ! » Eux, n’ont pas dédaigné de se faire canaques avec le Canaque pour l’amuser, le séduire et finalement le conquérir. Mieux que tous autres, ou plutôt seuls, ils se sont donné la peine d’apprendre les divers idiomes et l’un de ces missionnaires, le Père Rous-