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cher la diversion des gouvernements aux abois. Et la guerre, c’était en cas de triomphe, la bourgeoisie consolidée, en cas de défaite, l’écrasement du vieux foyer révolutionnaire.

Aussi, ai-je été bien heureux le jour où Rochefort, calomnié par ses anciens alliés, a rompu avec eux pour se rapprocher de la démocratie socialiste. Il n’est pas anarchiste de doctrine, ce tombeur de gouvernements ; n’importe, j’aime toujours mieux le voir à gauche qu’à droite.

L’Intransigeant malmena d’abord les dynamiteurs, mais, dans l’affolement du début, des organes même anarchistes avaient commis cette erreur d’oublier que tout acte de révolte a droit à notre sympathie, surtout quand celui qui le commet risque sa tête. Plus tard, l’attitude de Ravachol détermina un langage autre et bientôt les compagnons furent ouvertement défendus dans l’Intransigeant.

L’un de ceux-ci, Gustave Mathieu, eut une véritable odyssée. Sa patronne, madame Viard, ayant soustrait des marchandises à ses créanciers, l’accusa pour se décharger. L’anarchiste prouva facilement son innocence et fut remis en liberté provisoire ; celle-ci serait devenue définitive, si, peu de temps après, Ravachol et Simon, plus connu sous le sobriquet de Biscuit, n’eussent commencé à faire sauter des immeubles ; Mathieu, étant leur ami, fut naturellement inquiété et, comme il n’avait en la justice bourgeoise qu’une confiance des plus limitées, il crut prudent de mettre la Manche entre lui et M. Atthalin.

Mathieu eut alors une chance extraordinaire : obligé de se cacher, car les journaux affolés lui mettaient sur