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CHAPITRE XVIII.


LES PROSCRITS DE LONDRES.


Londres est le classique refuge des proscrits de toute foi vaincue. C’est là que se réfugièrent successivement les fils de la monarchie légitime et les représentants de la branche cadette, les prolétaires insurgés de Juin, les bourgeois démocrates victimes du Deux Décembre et, plus tard, la famille Bonaparte. Les communards s’y établirent, emplissant le quartier français du bruit de leurs querelles et de leurs accusations, triste résultat de la défaite ! Les anarchistes, pourchassés comme bêtes fauves après les explosions de mars 1892, suivirent l’exemple général : ils vinrent demander à la capitale du Royaume-Uni le travail et la liberté.

Prévenu, grâce à des intelligences dans la place, que j’allais être appréhendé par les bénins agents de Lozé, je leur faussai compagnie, ce dont je me félicitai encore plus en voyant mon nom figurer sur la liste des expulsés. Était-ce la peine d’avoir tenu, chez d’innocents anthropophages, le gouvernail des services publics, — pends-toi Prudhomme ! — pour secouer sur le sol français la poussière de mes sandales ? Mais ce n’était pas le moment de récriminer, alors que des camarades étaient arrêtés ou expulsés avec un ensemble admirable. Après six jours de retraite absolue chez des amis, dont la con-