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ces démonstrations, les voyant tourner en simple révolution politique, couronnée tout au plus par l’avénement d’un Comité de Salut Public qui eût collé au mur, pêle-mêle avec les opportunistes, les raisonneurs socialistes et libertaires. Cependant, les anarchistes ne furent pas les derniers dans la rue ce jour-là. — « Qui sait ! » se murmurait-on, mais nous constations avec désespoir que les cris de : « Vive la Sociale ! » ne dominaient pas sur ceux de « Vive Boulanger ! » Une fois de plus, je pus apprécier l’initiative de la foule : des derniers meetings tenus salle Favié pendant que l’émeute grondait, il ne sortit que confusion. Ici un orateur, noyé dans les tumultueux remous de l’assistance, lisait d’une voix étouffée la recette pour fabriquer de la dynamite, — il était bien temps ! Un autre jetait la nouvelle que cinq cents personnes, — rien que ça —, avaient été massacrées aux Champs-Élysées et aussitôt le public se précipitait au dehors aux cris de « Vengeons-les ! »… pour aller se coucher.

À cette époque, Boulanger n’avait qu’à pousser de l’avant. Blanquistes, radicaux et déjà monarchistes, étaient avec lui ; la troupe l’eût acclamé, le Conseil municipal se fût déclaré en sa faveur : il n’osa pas. Même hésitation au 27 janvier 1887 : pour n’avoir pas eu l’audace de son ambition, il devait perdre la partie.

Quand le clergé vit le boulangisme en baisse, il organisa l’anti-sémitisme.

L’éreintement du personnel opportuniste par Drumont avait ravi nombre d’anarchistes qui, bonnes âmes, avaient cru voir dans le fougueux polémiste un converti, ou peu s’en fallait, à nos idées. L’ombre de Veuillot devait bien rire !