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Les débuts tumultueux du parti déconcertèrent ces hommes que le travail de la pensée avait séparés de la masse. De peur d’être débordés par les braillards et les suspects, ils fermèrent leur porte à double tour, prirent une allure un peu doctorale, et, lorsque plus tard, de jeunes recrues sincères, bouillonnantes d’activité, quelques-unes de valeur, se présentèrent, ils leur cassèrent bras et jambes. Toute action tant soit peu étendue ou combinée devenant entachée d’autoritarisme, il ne resta plus que l’action individuelle, louable certes, mais insuffisante pour tout résoudre. Et, comme il y a toujours, même parmi les révolutionnaires, plus de blagueurs que de héros, l’action individuelle, pour beaucoup, ne consista plus que dans les petites choses ou même dans des actes étrangers au but poursuivi : c’était la Vendée dégénérant en chouannerie.

Il est évident que le boulangisme naquit en partie de l’impéritie des divers partis socialistes, qui n’eurent ni l’esprit ni le sens révolutionnaire de profiter du mécontentement général et s’emparer de la situation. Le boulangisme mort, ce fut le tour de l’agitation antisémite, fomentée par les cléricaux et sur laquelle des naïfs se déçurent : le tour des vrais révolutionnaires ne venait jamais.

La Révolte s’aperçut trop tard du danger : elle voulut faire machine en arrière et s’y prit mal.

La critique de certains actes individuels, tels que ceux de Ravachol qui, lui, porta sa tête sur l’échafaud, exaspéra contre elles les individualistes d’action, tandis que, d’autre part, le divorce continuait avec les anarchistes pratiques.

Parmi ces derniers, se trouvait un savant de la plus