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ce fut la rage au cœur que, fort avant dans la nuit, je quittai le rédacteur du Père Peinard sur cette réflexion mélancolique :

— Avoir eu près de vingt ans pour faire la critique des fautes de la Commune et ne pas se montrer plus intelligents qu’elle !

La jeune génération prolétarienne, aussi bien que bourgeoise, ne sait pas deux mots d’histoire contemporaine : elle se meut dans une Europe qu’elle ne connaît pas, au milieu d’hommes et de partis dont elle ignore les noms, le passé, le but et les ficelles.

Certains de mes amis, pourtant lucides, croient que c’est un bien parce que cela la forcera à créer du nouveau ; je ne partage pas cet optimisme : pas plus en sociologie qu’en histoire naturelle, les générations spontanées ne sont fréquentes ; tout s’enchaîne et l’avenir se construit avec les matériaux du passé.

Certes, quand le tonitruant Chauvière s’imaginait entraîner les foules en leur parlant d’Étienne Marcel et de Danton, on pouvait sourire. Ceux-là sont bien morts ; mais tout au moins, serait-il nécessaire d’étudier un peu ces formes modernes, le Gèsu, la franc-maçonnerie, la finance, d’apprendre quelles furent les fautes de la Commune pour en éviter la répétition et de ne pas se laisser prendre aux grimaces des curés socialistes.

Le plus bel exemple de présomptueuse ignorance m’a été donné dans une réunion à la salle Rivoli par un orateur que je ne nommerai pas.

« Ayant la révolution de 1789, commença-t-il, la France était très divisée ; il y avait la Gaule, le département du Var et beaucoup d’autres provinces,