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devais être horripilé de l’ignorance déclamatrice des romantiques, et impatienté du manque de virilité ou de la prétention des bonzes… Ouf !… suum cuique, à chacun son paquet !

Au passage Papier, nous avions eu pour voisin le « général » Eudes, qui, en dépit du titre belliqueux que lui continuaient les anciens communards, s’était pacifiquement donné à l’industrie. Cette appellation militaire et hiérarchique me semblait jurer terriblement avec l’esprit du socialisme égalitaire ; néanmoins, Eudes, patron d’une scierie mécanique, se montrait tout à fait bon enfant avec ses ouvriers, se laissant facilement tutoyer par eux. Autoritaire mais sans aigreur, actif, d’un abord sympathique et entraînant, il semblait toujours prêt à ressaisir son commandement de 71 et, jusqu’à sa mort il est demeuré le chef de guerre de ce parti blanquiste, organisé militairement en vue d’une prise d’armes.

La rentrée des amnistiés avait reformé le mouvement socialiste sur deux lignes parallèles : le blanquisme et le parti ouvrier. Au premier, allèrent les hommes violents et peu raisonneurs, au second, les gens studieux et modérés. Quant aux ambitieux, ils se faufilèrent dans les deux clans, choisissant, selon leur appréciation, celui qui avait le plus de chances de les porter au pouvoir.

Simples radicaux révolutionnaires, à l’exception de quelques-uns, les blanquistes jouaient fort habilement du mot « Commune », synonyme, selon les opportunistes de communisme ou communalisme. Leur manque de conceptions économiques devait leur attirer les turbulents rétifs à l’étude et éloigner d’eux les socialistes désireux d’arriver à autre chose qu’à des changements