Page:Malato - De la Commune à l'anarchie, Tresse et Stock, 1894.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

rope : la mort de Blanqui, celle du tzar Alexandre II dynamité par les nihilistes, ce qui nous causa un sensible plaisir : les communards marchaient alors pour la république universelle et ne saluaient dans la Russie que ses révolutionnaires.

Un numéro du Figaro m’apprit l’arrivée à Paris d’un parent sicilien, l’escrimeur San-Malato qui, après avoir mené la vie à grandes guides, cherchait à vivre de son fleuret, « non en vulgaire maître d’armes, me dit-il plus tard lorsque je le vis, mais en signor d’armes. » Cette pointe de vanité, qui devait lui attirer l’antipathie de ses confrères parisiens, fit bien sourire mon égalitarisme républicain.

Car je n’étais pas encore socialiste, n’ayant absolument aucune idée en matière économique. À l’époque où mon père avec ses amis, depuis assagis, luttait contre les maîtres de l’Italie, c’était l’indépendance politique, seule, qui était en jeu : l’industrialisme n’avait pas encore posé dans la péninsule le redoutable problème du travail. Aussi, tous les révolutionnaires italiens qui ont joué un rôle dans les guerres de 1848 ou de 1859, depuis Crispi, qui s’est galvaudé ministre, jusqu’à Cipriani, qui a souffert huit ans de bagne après huit ans de déportation, se sont-ils montrés plus préoccupés de l’étiquette nationale ou politique que du mécanisme social.

Mon père, républicain révolutionnaire, absolument sympathique à toute manifestation prolétarienne ou internationaliste ne s’était jamais embrigadé dans les partis anti-bourgeois. De fait, les blanquistes, dont il se rapprochait le plus, apparaissaient bien sectaires, et sa situation, beaucoup plus que ses idées, le tenait à l’écart des divers groupements ouvriers. Coopérateurs, mutuel-