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par ma nomination à la gérance du bureau de Thio, tandis que Louise était enchaînée à Nouméa par des leçons… gratuites pour la plupart.

Muni, cette fois, d’un revolver qui fonctionnait, je dis adieu à nos amis déportés que je ne devais plus revoir sur le sol néo-calédonien, et m’embarquai à bord de la Dives, le 21 avril 1879.

J’avais été charitablement prévenu qu’il me faudrait déployer dans mon nouveau poste à la fois beaucoup d’adresse et de résolution. Les indigènes n’étaient plus à craindre, mais j’allais me trouver en contact avec un officier fort mal disposé à l’égard des pékins et un missionnaire digne d’être né au temps de Machiavel et… des Borgia.

J’avais l’habitude des conflits avec l’autorité militaire et, à Nouméa, avais repris des forces pour la lutte. D’ailleurs, il était rare que le galonné cherchât à se mettre à dos consécutivement plusieurs fonctionnaires civils, car, alors sa réputation de mauvais coucheur, une fois établie, eût pu lui nuire pour l’avancement.

De Lestang-Parade et tous ses successeurs se montrèrent, je dois le dire, fort aimables vis-à-vis de moi.

Quant au père Morris, je le connaissais longuement de réputation. Le souci du maintien de son autorité sur son noir troupeau le rendait haineux de ses compatriotes : me promenant avec deux autres Européens, je l’ai entendu qui, prêchant dans une case et ne soupçonnant pas notre approche, exhortait ses ouailles à mépriser les avances des blancs et décliner toutes relations avec eux. Mais cela n’est rien : pendant l’insurrection, des Canaques de sa mission avaient empoisonné une source à l’intention des marins et des soldats. La Vire, sous les or-