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communications : je faisais alors un métier qui n’était pas le mien. Je partais avec mon indigène, en réquisitionnais deux ou trois autres sur ma route et traversais avec eux montagnes, vallées, forêts et rivières, ayant bien soin de les faire marcher devant moi et portant négligemment la main, de temps à autre, à la crosse de mon revolver.

Pauvre revolver ! J’eusse été aussi en peine de le faire fonctionner que mon fusil. Après le massacre des télégraphistes de Bouloupari, nous avions été pourvus par l’administration de revolvers de fort calibre ; le chien du mien qui avait probablement oublié de grandir, se rabattait obstinément auprès du percuteur de la cartouche sans parvenir à l’atteindre. Trois fois, je l’envoyai à la Direction de l’artillerie, en demandant réparation ou changement et trois fois on me le renvoya intact. De guerre lasse, je le gardai et le mis à mon côté, comme le sabre de la Grande Duchesse, pensant qu’il pourrait toujours faire peur aux malintentionnés.

Du reste, nous étions terriblement pauvres en matériel. Un jour, le fil de fer manquant, car une portée avait été enlevée par les Canaques, Dubois dut s’emparer de toute la ferraille qu’il put trouver y compris les anses de marmites, et s’en servit, soudure faite, pour opérer le raccord. Une autre fois, manquant de chlorhydrate d’ammoniaque pour ma pile Leclanché, j’envoyai mon Canaque puiser de l’eau de mer, remplaçant le sel qui me faisait défaut par celui contenu dans l’Océan et, d’une manière ou d’une autre, nous marchions toujours.

Le 1er septembre fut une date joyeuse pour les blancs et un deuil pour les insurgés : Ataï, qui avait réussi à