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Ceux-ci, depuis le remplacement de l’amiral Guillain, leur bête noire, avaient été les maîtres incontestés du pays. De la Richerie se laissait gouverner par sa femme, que gouvernaient les prêtres ; Aleyron était forcené réacteur et, par conséquent, clérical ; de Pritzbuer semblait le subordonné de l’évêque. Le capitaine de vaisseau Olry, qui fut, vers le milieu de l’année 1878, envoyé pour nous régir, était, sinon communard, du moins, aussi avancé, bourgeoisement parlant, que pouvait se montrer un officier supérieur de cette marine où l’autocratie absolue est un dogme. Il ne collaborait pas à la République anticléricale du renégat Léo Taxil, mais sa première mesure, très commentée dans la colonie, fut d’affirmer par décret la prééminence du gouverneur sur les autorités ecclésiastiques.

Celles-ci déclarèrent aussitôt à l’audacieux une guerre mortelle.

Quelle plus mauvaise note pour Olry, auprès de ses chefs hiérarchiques, que de passer pour un administrateur incapable, réduisant les indigènes à la révolte et mettant la colonisation en danger, la perdant même ? Les missionnaires, qui, tous les ans, avaient aux environs de Nouméa de mystérieux conciliabules, pieusement appelés la « Retraite, » furent certainement au courant des menées d’Ataï, les encouragèrent sans se mettre en vue et eurent cette suprême habileté de pousser à la révolte les tribus infidèles par l’intermédiaire de tribus chrétiennes, celles de Thio. Ces dernières, après avoir participé aux premiers massacres, firent brusquement défection et finirent même par marcher contre leurs frères de race.

Forcément contradictoire, cette dualité de direction,