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il riait et dansait comme un fou ; sans respect pour son sauveur, il lui urina sur la tête. « Que fais-tu donc ? » demanda l’animal des mers, qui sentait l’autre se trémousser. — « Ce n’est rien, répondit le rat ; c’est la vue de la terre qui me réjouit. » Puis, comme on n’était plus qu’à quelques brasses du rivage, le cynique exprima plus complètement son allégresse en souillant de ses ordures son bienfaiteur, auquel il cria, après s’être élancé à terre : « Maintenant, regarde-toi ! »

Le poulpe aperçut alors ce que l’ingrat lui avait laissé pour prix du service rendu. Furieux il voulut se précipiter à sa poursuite, mais les roches aiguës déchirèrent ses tentacules et, tout meurtri de ses efforts, il dut regagner le fond des mers.

Ce conte, paraît-il, est symbolique : le rat, dans l’esprit du La Fontaine noir, incarne l’imprévoyance et l’ingratitude canaques… il aurait bien pu dire humaines !




CHAPITRE XI.


DERNIERS RÉPITS.


Le bonheur n’a pas d’histoire et c’est un exposé de faits et de choses constatés de visu, non une autobiographie que j’ai l’intention de présenter au lecteur.

Je passe donc sur les mois tranquilles écoulés dans notre oasis, les promenades aventureuses, les flirtages à l’ombre des cocotiers : Dyla, Hygué, Bouboute, Poune,