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on marcha contre Pahouman. Celui-ci, qui avait entendu parler du voyage à Ouvéa, se tenait sur ses gardes : il n’y eut donc pas surprise, mais lutte en règle. Néanmoins, les guerriers d’Apitéhéguène, bien que de beaucoup les moins nombreux, triomphèrent, grâce à leur confiance dans le talisman.

Le vaincu laissa brûler son village et sans perdre la tête, battit en retraite le long de la Tiouaka, renforçant sa troupe des hommes valides de toutes les localités voisines. Puis, il revint attaquer son ennemi qui, à son tour écrasé par le nombre, plia et regagna avec les siens Wagap.

« Ce n’est pas la peine de les poursuivre maintenant, déclara Pahouman : restons ici pour manger ceux que nous avons tués et demain, nous exterminerons les autres. »

Apitéhéguène était dans sa tribu, réfléchissant aux solutions : la nuit arrivait et il ne savait encore quel parti prendre. Tout à coup, une idée lui traversa le cerveau et, appelant un de ses hommes, il lui donna l’ordre d’aller à Amoua, informer les habitants mâles qu’il les demandait tous pour cette même nuit. Le messager partit sur-le-champ, remonta la rivière de Ti-yée et, arrivé près d’un lieu qu’on nomme Toumondou, s’arrêta pour se reposer : sans le vouloir il s’endormit.

Or, cette nuit là, le grand chef Ouanéguéï adressa à son protégé un caillou de guerre pour lui assurer la victoire. Il lança ce talisman, qui traversa la mer et entra dans la Ti-yée. À ce moment, le guerrier d’Apitéhéguène rêvait : il voyait un caillou qui montait dans la rivière et lui disait : « J’arrive d’Ouvéa, je viens faire la guerre : il faut que tu me prennes et me caches. »