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bitieux projet de reconstituer l’histoire des tribus néo-calédoniennes, qui ne m’en eussent probablement su aucun gré. Lorsque, un peu plus tard, j’appris la découverte encore récente par Henri Filhol d’un débris fossile de grand pachyderme, prouvant la jonction de l’île, aux temps préhistoriques, avec un continent austral, je me mis dans la tête de trouver, moi aussi, mon fossile de marque.

Les traces d’anciens êtres aquatiques ou emplumés, que l’on découvre dans le terrain crétacé de la côte ouest, principalement vers Uraï, ne me semblaient pas dignes de moi : il me fallait le squelette ou, tout au moins, le crâne d’un homme contemporain du mammouth. Je n’eus pas le bonheur d’arriver à mes fins, en dépit d’explorations aussi persistantes qu’accidentées ; les plus antiques débris humains exhumés dans mes courses aventureuses paraissaient, au plus, âgés de quelque dix siècles et, en tenant compte des intempéries atmosphériques auxquelles ils avaient été soumis, j’étais porté à réduire ce temps à plus de moitié. Le plus beau spécimen de prognathisme, un crâne blanc et poli comme de l’ivoire, que j’avais soigneusement déposé dans une malle, chez mes parents, périt — pour la seconde fois ! — en 1878, dans l’incendie de leur paillotte.

Il est difficile d’assigner une date à l’arrivée des Mélanésiens en Nouvelle-Calédonie. Très vraisemblablement, ils vinrent d’Australie : l’analogie de type est bien plus grande qu’avec les Néo-Hébridais, qui se servent fort habilement de l’arc inconnu aux Néo-Calédoniens. Il est vrai que ceux-ci n’ont pas davantage le boomerang qui a pu être inventé après leur émigration d’Australie. Les autres armes, fronde, sagaïe et casse-tête, sont