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toutefois pouvoir empêcher le pillage de leur magasin ; madame Henry s’était montrée fort brave, dans ces circonstances critiques, pansant les blessés et faisant même le coup de feu.

Pour en finir avec les menaces des indigènes, le gouvernement fit occuper Oubatche par un détachement d’infanterie de marine. Au début, cette troupe ne fut pas heureuse : quatre hommes et un caporal envoyés chez les Oébias pour réquisitionner des travailleurs, furent massacrés et mangés. Une autre fois, quinze soldats, commandés par l’adjudant Malzieux, furent cernés sur un pic par quinze cents guerriers qui, brûlant les hautes herbes et s’avançant sous l’abri des flammes, faisaient pleuvoir sagaïes et pierres de fronde. Les Français résistèrent comme des gens qui ont devant eux la perspective d’être cuits au four et servis sur des feuilles de bananier. Pas de vivres ! pas même d’eau, et la chaleur de l’incendie avivait encore leur soif ! « Les soldats buvèrent leurs urines », écrivit dans son rapport Malzieux qui n’en passa pas moins officier, léguant, en outre, son nom au pic sur lequel s’était accomplie cette défense. La mort d’un chef de guerre détermina la retraite des Canaques qui, bien que braves, ne jugent pas possible de continuer la lutte sans généralissime.

À en croire Henry, protestant et franc-maçon, la mission n’aurait pas été étrangère aux agressions commises contre lui par les indigènes. Les maristes de Pouébo, établis d’abord un peu plus loin, à Balade, étaient les premiers arrivés dans la colonie ; dès 1846, c’est-à-dire sept ans avant l’amiral Febvrier-Despointes, ils apparaissaient, séduisaient le grand-chef Bonou, à force de cajoleries et finissaient, après sa mort, par mettre entiè-