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poraux et soldats formaient l’effectif militaire préposé à la garde, non seulement du poste, mais de l’arrondissement, c’est-à-dire depuis Touho jusqu’à l’extrémité nord de l’île. C’était minime, mais il est juste de dire que les indigènes sentaient si peu le besoin d’une protection militaire que à maintes reprises, ils tentèrent d’exterminer leurs protecteurs ; quant à la population blanche, elle était des plus clairsemées. Deux colons à Touho, un missionnaire à Hinghène, à Panié une ancienne élève de l’orphelinat de Nouméa, concubinant de son mieux avec tous les indigènes, qui l’avaient surnommée « la popiné blanche », — la malheureuse avait été épousée à la vapeur, puis abandonnée par un chevalier d’industrie, — à Oubatche une seule famille anglaise ; à cinq kilomètres plus loin, un colon radical, — il lisait le Siècle ! — à Pouébo, une couvée de concessionnaires bien pensants, les Coste, deux missionnaires, assistés d’un frère ouvrier, et, plus tard, d’une sœur de Saint-Joseph de Cluny ; dans la vallée du Diahot, quelque deux cents personnes, attirés par l’exploitation des mines et que le poste, distant de 35 kilomètres, n’eût certainement pu défendre, tels étaient les habitants de race européenne, que les vingt fantassins de marine eussent eu à préserver des attaques de sept à huit mille sauvages. Il faut ajouter à cet effectif un médecin militaire de dernier ordre, le docteur Caillot qui, sous condition de faire tous les quinze jours une tournée à Oubatche, avait obtenu de résider à Oégoa (rive droite du Diahot), où les clients civils et, par conséquent payants, ne lui manquaient pas. Inutile de dire qu’il ne se conformait jamais à cette obligation ; tous les deux ou trois mois seulement, lorsqu’une bande joyeuse venait en chaloupe de Pam à Ou-