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ou septième fois depuis l’entrée des Versaillais, et demeura à Paris, où l’attachaient ses affaires commerciales, florissantes alors. Mais, un an plus tard, l’avènement au pouvoir du maréchal Mac-Mahon, servi par un ministère de combat, amena une recrudescence de réaction ; les dossiers d’un grand nombre de communards ayant été révisés, mon père fut condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée et, sans l’avis officieux d’un ami, son arrestation eût été opérée.

Il put s’enfuir, mais, à ce moment, on n’y allait point par quatre chemins. Pour forcer le contumax à se présenter, on arrêta ma mère et mit l’embargo sur tout ce que nous possédions. Mon père, menacé d’être traité, non en adversaire politique, mais en banqueroutier, revint effectivement et fut appréhendé, sans que pour cela, on relâchât la prisonnière. Et des mois s’écoulaient !

J’exécutai alors une tentative qui paraîtra bien romantique aux graves personnes habituées à juger sainement les choses.

Le vent était alors au bonapartisme : on prévoyait si bien un pronunciamento en faveur de la dynastie déchue que, sans plus tarder, les républicains avancés, Gambetta en tête, commençaient d’ores et déjà, principalement dans la région lyonnaise, l’organisation clandestine des fameux « comités de résistance ». Quelque jeune que je fusse, je savais bien des choses, et en sentais d’intuition beaucoup d’autres : je rédigeai à la main une vingtaine de proclamations, les fourrai dans une serviette de toile cirée et attendis l’heure des ténèbres.

Ces brûlots n’étaient nullement anarchistes, comme d’autres que je devais élaborer par la suite, pas davantage socialistes, — j’ignorais tout du socialisme, — ni