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Mais si l’Union est responsable de ce que fait chacun de ses membres, comment laisser à chaque membre en particulier et aux différents groupes la liberté d’appliquer le programme commun de la façon qu’ils jugent la meilleure ? Comment peut-on être responsable d’un acte si l’on a pas la faculté de l’empêcher ? Donc l’Union, et pour elle le Comité exécutif, devrait surveiller l’action de tous les membres en particulier, et leur prescrire ce qu’ils ont à faire ou à ne pas faire et comme le désaveu du fait accompli n’atténue pas une responsabilité formellement acceptée d’avance, personne ne pourrait faire quoi que ce soit, avant d’en avoir obtenu l’approbation, la permission du Comité. Et d’autre part, un individu peut-il accepter la responsabilité des actes d’une collectivité avant de savoir ce qu’elle fera et comment peut-il l’empêcher de faire ce qu’il désapprouve ?

De plus, les auteurs du projet disent que c’est l’Union qui veut et dispose. Mais quand on dit volonté de l’Union, entend-on volonté de tous ses membres ? En ce cas, pour que l’Union puisse agir, il faudrait que tous ses membres, sur toutes les questions, aient toujours exactement la même opinion. Or il est naturel que tous soient d’accord sur les principes généraux et fondamentaux, sans quoi ils ne seraient pas unis, mais on ne peut supposer que des êtres pensants soient tous et toujours du même avis sur ce qu’il convient de faire en toutes circonstances et sur le choix des personnes à qui confier la charge d’exécuter et de diriger.