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Mais avant tout je dirai quelques mots qui partent de mon cœur, car je ne peux pas penser à Kropotkine sans être ému par le souvenir de son immense bonté. Je me rappelle ce qu’il fit à Genève dans l’hiver 1879 ou 1880 pour aider un groupe de réfugiés italiens en détresse, dont j’étais ; je me rappelle les soins que j’appellerai maternels, qu’il eut pour moi à Londres une nuit où j’avais été victime d’un accident et où j’avais frappé à sa porte ; je me rappelle ses mille traits de gentillesse envers tout le monde ; je me rappelle l’atmosphère de cordialité qu’on respirait autour de lui. Car il était vraiment bon, de cette bonté presque inconsciente qui sent le besoin de soulager toutes les souffrances et de répandre autour de soi le sourire et la joie. On aurait dit en effet qu’il était bon sans le savoir : dans tous les cas il n’aimait pas qu’on le dise. Il se montra offensé parce que dans un article que j’écrivis à l’occasion de son 70e anniversaire, j’avais dit que la bonté était la première de ses qualités. Il aimait plutôt à