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créatrice dont nous ne pouvons comprendre la source et la nature, comme d’ailleurs nous ne comprenons pas la source et la nature de la « matière » et autres « principes premiers ») la volonté, dis-je, qui contribue peu ou prou à déterminer la conduite des individus et des sociétés, n’existe pas, c’est une illusion. Tout ce qui fut, qui est et qui sera, depuis le cours des astres à la naissance et décadence d’une civilisation, depuis un tremblement de terre à la pensée d’un Newton, depuis le parfum d’une rose au sourire d’une mère, depuis la cruauté d’un tyran à la bonté d’un saint, tout devait, doit et devra arriver avec une suite fatale de causes et effets de nature mécanique, qui ne laisse lieu à aucune possibilité de variation. L’illusion de la volonté ne serait elle-même qu’un fait mécanique.

Naturellement, logiquement, si la volonté n’a aucune puissance, si elle n’existe pas, si tout est nécessaire et ne peut pas être autrement, les idées de liberté, de justice, de responsabilité n’ont aucune signification, ne correspondent à rien de réel.

D’après la logique on ne pourrait que contempler ce qui se passe dans le monde, avec indifférence, plaisir ou douleur selon sa propre sensibilité, mais sans espoir et sans possibilité d’y rien changer.