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qui sont en position d’influer sur la conduite du gouvernement.

Dans la lutte séculaire entre la liberté et l’autorité, ou en d’autres termes entre le socialisme et l’Etat de classe, la question n’est donc pas vraiment de modifier les rapports entre la société et l’individu ; la question n’est pas d’accroître l’indépendance individuelle aux dépens de l’ingérence de la société, ou celle-ci aux dépens de celle-là. Il s’agit plutôt d’empêcher que quelques individus puissent opprimer les autres ; de donner les mêmes droits et les mêmes moyens d’action à tous les individus ; et d’en finir avec la seule initiative d’un petit nombre qui entraîne nécessairement l’oppression de tous les autres. En somme, il s’agit encore et toujours de détruire la domination et l’exploitation de l’homme par l’homme, de façon à ce que tous soient intéressés au bien-être commun et qu’au lieu d’être supprimées, ou de se combattre et de s’éliminer tour à tour, les forces individuelles trouvent la possibilité de se développer totalement et de s’associer les unes aux autres pour le plus grand profit de tous.

Il résulte de tout ce que nous avons dit que l’existence d’un gouvernement — serait-ce même le gouvernement idéal des socialistes autoritaires, pour poursuivre notre hypothèse — serait bien loin de produire une augmentation des forces productives, des forces d’organisation et de protection de la société. Au contraire, elle les amoindrirait terriblement en restreignant l’initiative à un petit nombre et en donnant à ce petit nombre le droit de tout faire, sans pour autant leur donner le don de tout savoir, naturellement, ce qui n’est pas en son pouvoir.

Et, de fait, si vous enlevez de la législation et de ce qui est l’œuvre d’un gouvernement tout ce qui est destiné à défendre les privilégiés et qui représente la volonté de ces mêmes privilégiés, que reste-t-il sinon le résultat de l’activité de tous ? Comme disait Sismondi, « L’Etat est toujours un pouvoir conservateur qui authentifie, régularise, organise les conquêtes du progrès (et l’Histoire montre encore qu’il les dirige à son propre profit et au profit de la classe privilégiée — note de Malatesta) mais ne les inaugure jamais. Elles ont toujours leur origine dans le bas. Elles naissent dans le fond de la société, de la pensée individuelle, qui se divulgue ensuite,