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de l’état de bien-être ou de misère dans lequel se trouvent les habitants de son village, ni des conditions de vie générales du seul peuple italien. Ils dépendent aussi de la condition des travailleurs en Amérique et en Australie, de la découverte de tel savant suédois, des conditions morales et matérielles des Chinois, de la guerre ou de la paix en Afrique ; en somme, de toutes les circonstances, grandes ou petites, qui agissent sur un être humain en un point quelconque du globe.

Dans les conditions actuelles de la société, cette vaste solidarité qui unit entre eux tous les hommes est en grande partie inconsciente : elle naît spontanément quand les intérêts particuliers se heurtent, mais quant au intérêts de tous, les hommes ne s’en préoccupent pas, ou guère. C’est bien la preuve la plus évidente que la solidarité est la loi naturelle de l’humanité et qu’elle se développe et s’impose malgré tous les obstacles, malgré tous les antagonismes créés par la façon dont la société actuelle est organisée.

Par ailleurs, les masses opprimées ne se sont jamais complètement résignées à l’oppression et à la misère et elles montrent qu’elles ont soif de justice, de liberté, de bien-être, aujourd’hui plus que jamais. Elles commencent à comprendre qu’elles ne pourront jamais s’émanciper que grâce à l’union, grâce à la solidarité de tous les opprimés et de tous les exploités du monde entier. Et elles comprennent également que la condition indispensable de leur émancipation, c’est la possession des moyens de production, de la terre et des instruments de travail, et donc l’abolition de la propriété individuelle. La science, l’observation des phénomènes sociaux montrent que cette abolition serait extrêmement utile aux privilégiés eux-mêmes, si seulement ils voulaient renoncer à leur esprit de domination et contribuer avec tous à travailler pour le bien-être commun.

Si donc un jour, les masses opprimées se refusaient à travailler pour les autres, si elles enlevaient aux propriétaires la terre et les instruments de travail et les utilisaient pour leur compte et à leur profit, c’est-à-dire pour le compte et au profit de tous, si elles voulaient ne plus subir aucune domination, ni de la force brutale ni du privilège économique, si la fraternité entre les peuples et le sentiment de solidarité humaine renforcé par la communauté des intérêts